C'était une matinée grise et pluvieuse.
Flip regardait par la fenêtre les ruines de sa ville dévastée quand Grusse, son majordome, pénétra dans la pièce sombre.
- Ma Dame ?
- J'avais demandé qu'on ne me dérange pas, Grusse. Je dois réfléchir à notre nouvelle situation.
- Justement, ma Dame, j'ai là un document qui pourrait vous intéresser...
- Et bien pose-le là, sur ma coiffeuse. Je le verrai plus tard.
Grusse allait ajouter quelque chose mais, se ravisant, il referma lentement la bouche et s'exécuta.
La pluie se mit à tomber, ensevelissant le triste spectacle dans un linceul liquide. Flip quitta la fenêtre et s'installa sur son fauteuil préféré. L'humidité qui envahissait la chambre la fit frissonner.
Perdue dans ses pensées, elle se leva machinalement pour aller chercher son étole quand son regard passa sur la missive qu'elle avait déjà oublié.
Saisissant d'une main l'étole, elle s'empara au passage du rouleau de parchemin et retourna s'asseoir.
Elle s'absorba alors dans une lecture d'abord distraite puis de plus en plus attentive. Ses fins sourcils se haussèrent avant de se froncer en une grimace furieuse et, quand ses yeux arrivèrent au bas du document, elle se leva brutalement et froissa en boule le parchemin qu'elle projeta devant elle en poussant un cri de rage.
Grusse, qui laissait toujours trainer une oreille à proximité, glissa un oeil par la porte qu'il avait laissé entrebaillée.
Il vit sa Dame à sa table de travail, en train de griffonner furieusement.
Une heure plus tard, quand elle le fit mander, il ne fut donc pas surpris qu'on lui confie un rouleau marqué de son sceau.
- Grusse, tu vas envoyer un coursier porter cette missive à la guilde des marchands.
- Oui, ma Dame.
- Qu'attends-tu ? Fais-le immédiatement, j'ai d'autres tâches urgentes qui m'attendent. Et reviens ici après, j'ai encore des missions à te confier. Envoie-moi Sylvanne pour qu'elle s'occupe du feu, on gèle ici !
Tandis que le brave majordome s'emparait du courrier, Flip se replongea dans ses travaux d'écritures.
Il n'est pas plus inventif qu'un serviteur zélé et curieux qui connait un peu de magie. Aussi il ne fallut pas plus d'une minute et un peu de vapeur d'eau pour décoller le scellé et prendre connaissance du message. Et encore moins longtemps pour remettre tout en place.
Trois minutes plus tard, un messager partait au galop avec le document qui disait :
Mille grâces, Votre Seigneurie, Maître de la Communauté d'Adhésion des Commercants,
Par la présente, je fais officiellement demande pour m'affilier à votre communauté.
Ayant pris connaissance de votre charte, et plus particulièrement de la clause ci-dessous énoncée
je cite :
Tout postulant s’engage à n'attaquer aucun autre joueur sur les terres de FWO, même si celui-ci détruisait vos contrées, éventrait votre peuple, pillait vos richesses.
Je renonce donc à toute vengeance pour la durée de mon affiliation. En effet, bien que mes armées défuntes réclament le prix du sang, mon peuple a plus besoin d'or et de nourriture que de davantage de ruines et de morts à pleurer aussi je ferai taire mon envie de revanche et choisirai la voie de la diplomatie.
Votre dévouée demandeuse,
Dame Morgana Flip,
7ème héritière de Lord Bal